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« En/quête.s de créations » – Journées doctorales Litt&Arts

Journées doctorales Litt&Arts « En/quête.s de créations » – 9 & 10 avril 2019

Pour la quatrième année consécutive, les jeunes chercheur-es du laboratoire Litt&Arts organisent le 9 et 10 avril 2019 leurs journées doctorales, avec cette année un nouvel axe de recherche : En/quête.s de créations.

La quête, recherche obstinée produisant une transformation intérieure, ou l’enquête, assemblage méthodique d’informations, sont au cœur des objets de la recherche en littérature et arts. Elles peuvent y être thématisées, constituer le point nodal d’une production artistique : s’incarner par exemple sous la forme d’un personnage (le célèbre Sherlock Holmes, les chevaliers du Moyen Âge) ou des règles d’un genre artistique (le polar, le documentaire). Plus encore, les deux termes véhiculent un imaginaire de l’élaboration artistique, nous permettent de décrire un processus de création. Comme enquête fondée sur la collecte d’indices, de traces, d’éléments concrets ou comme quête intérieure, la création s’élabore par étapes et tâtonnements, sans connaître de cheminement obligé ni forcément toucher un but.

En ces termes, la démarche artistique semble assimilable à celle des chercheurs.es en arts et littérature. Il est vrai qu’une certaine conception de nos recherches nous apparenterait plutôt à des scientifiques analysant des œuvres, des objets : nous ne serions pas auteur.rices ou créateur.rices, mais commentateur.rices, révélant et expliquant les actes de création. Quête et enquêtes sont pourtant au cœur de la création de nouvelles formes de recherches et d’investigations, qui mettent en tension les cadres académiques de nos travaux et de nos disciplines. Enquêteurs.rices, nous le sommes parfois : il est de plus en plus fréquent que nos disciplines littéraires et artistiques s’emparent de techniques et de méthodes d’enquête issues des disciplines de sciences humaines et sociales (telles que la sociologie et l’anthropologie) pour appréhender et comprendre les objets de création. Dans le même mouvement d’hybridation, nous investissons nos objets de recherche à l’aide de processus créatifs : la « recherche-création » associe ainsi à la recherche universitaire de multiples approches plus sensibles, convoquant  d’autres médiums que l’écriture académique (par exemple Léviathan de Lucien Castaing-Taylor et Verena Paravel, film documentaire expérimental réalisé dans le cadre d’une recherche anthropologique sur l’industrie de la pêche).

Plus largement, les analyses et les interprétations des chercheur.es ne pourraient-elles pas être considérées comme une production de réflexions et de sens participant à la création d’un savoir, recréant et modifiant les objets  mêmes de sa recherche ? Marquées par une quête de connaissance, elles impliquent une forme de contribution intellectuelle au bien commun ainsi que le désir personnel de comprendre le monde en constante création.

Nous tenterons d’explorer plusieurs pistes de réflexion au cours de ces deux journées, au fil d’un parcours nous menant d’une discipline à l’autre, au croisement de la littérature, du cinéma ou encore du jeu vidéo. Des temps d’échanges et de rencontres permettront également de développer notre questionnement et d’expérimenter de nouvelles pratiques tout au long de l’événement .

 

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Portrait d’un danseur en exil

PORTRAIT D’UN DANSEUR EN EXIL

Baptiste Pizzinat

La présente étude est le fruit de la rencontre entre un danseur un peu sociologue et un sociologue un peu danseur. C’est au cours du printemps 2011 que j’ai découvert le travail artistique d’Afshin Ghaffarian, jeune danseur iranien en exil en France depuis 2009. En 2013, ce dernier présente Une trop bruyante solitude, un spectacle de danse/théâtre librement inspiré du roman éponyme de l’écrivain tchèque Bohumil Hrabal. Tour à tour victime et bourreau, créateur et destructeur, gardien de la mémoire comme de l’oubli, le danseur se change peu à peu en créature pour interroger la complexité de notre temps et de son accélération tous azimuts. En filigrane, c’est aussi la complexité de son propre rapport au pays d’origine que l’artiste entendait livrer aux spectateurs, faisant de la création d’Une trop bruyante solitude une véritable « odyssée de la
réappropriation ».
En revenant sur la genèse de cette création de même que sur la démarche artistique d’Afshin Ghaffarian, cette étude entend ainsi explorer, au moyen d’un portrait ethnographique exigeant, la complexité des liens entre « création » et « biographie », «singularité artistique » et « condition exilique ».